De l’accessoire à l’allégorie
Objet du quotidien, le miroir est présent dans l’histoire de l’art depuis l’Antiquité. Son pouvoir de réflexion et de production d'images immatérielles, suscite une fascination et des questionnements propres à projeter sur lui autant de vices que de vertus. C'est ainsi que les poètes et les peintres s'en emparent pour construire des allégories destinées à éclairer les hommes sur les actions qu'ils mènent dans le monde. Cette première partie de l'exposition présente trois allégories différentes pour lesquelles le miroir sert d'attribut incontournable : la Prudence, la Vérité et la Mort.
Plus prosaïquement, il est un accessoire de beauté et de contrôle de son image, qui devient par extension l'objet emblématique de la toilette féminine et le compagnon du plus délicat raffinement. Représenté dans l'intimité, certains artistes emmènent le miroir jusqu'aux frontières de l’érotisme.
La Prudence
François Grenier de Saint Martin
Paris, 1793 - Paris, 1867
La Prudence
Huile sur toile
1818
Bergues, Musée du Mont-de-piété
Inv. 2010.0.62
« Ne saurait être prudent qui ne se connaît pas soi-même, qui ne se voit tel qu’il est », écrit Cesare Ripa dans son célèbre recueil d’allégories, Iconologia (1593). Le miroir est considéré comme l’instrument qui permet de voir au plus profond de soi. Il est également l’outil qui permet d’élargir sa perception du monde en informant sur ce qui est présent derrière nous sans se retourner. Le miroir comme attribut de la Prudence induit l’idée que l’imprudence - et les dangers qui en découlent - est la marque des ignorants.
La Mort et le démon menaçant la femme mondaine qui se regarde dans un miroir
Daniel Hopfer
Kaufbeuren, vers 1470 - Augsbourg, 1536
La Mort et le démon menaçant la femme mondaine qui se regarde dans un miroir
Eau-forte
début 16e siècle
Gravelines, Musée du dessin et de l’estampe originale
Inv. 2006.08.0039
Le revers de la beauté est, à l’instar de la vie, son caractère éphémère. Cette estampe de Daniel Hopfer, graveur allemand à la charnière du 15e et du 16e siècle, montre une femme aux parures et étoffes précieuses se contemplant dans un miroir. Les deux tiers de l’image sont occupés par la mort et le démon qui symbolisent le devenir inéluctable de la jeune femme. Le miroir, tout comme le crâne et le sablier, est porteur du symbole de la mort.