Eléments d'une Descente de Croix : la Synagogue et saint Jean
Paris, France
Eléments d'une Descente de Croix : la Synagogue et saint Jean
Vers 1260-1270
Ivoire d'éléphant, traces de dorure et de polychromie
Paris, musée du Louvre
OA 12516
Don de la Société des Amis du Louvre, 2013
OA 12517
Achat grâce à l'opération "Tous mécènes !" et au soutien d'AXA ART, 2013
© RMN-GP (musée du Louvre) / Martine Beck-Coppola
Les deux statuettes appartiennent à un groupe plus important représentant une Descente de Croix. La Synagogue est représentée traditionnellement sous les traits d’une femme aux yeux bandés, tenant une lance brisée (perdue) et les tables de la Loi, représentées ici renversées. Elle fait pendant à l’Église couronnée, statuette la plus abimée du groupe, qui tenait à l’origine une croix et un calice destiné à recevoir le sang du Christ. Saint Jean devait prendre place au pied de la croix, près de Nicodème et de Joseph d’Arimathie qui tient le corps du Christ, et constituer le pendant de la Vierge.
Le commanditaire et la provenance de la Descente de Croix sont inconnus ; les différents éléments qui la constituent aujourd’hui sont apparus tardivement entre 1863 (pour Nicodème) et 2011 (pour la Synagogue et saint Jean, acquis récemment grâce à un mécénat collectif). Le groupe devait probablement prendre place sous un édicule d’orfèvrerie très largement ouvert, ce qui expliquerait que chacune des statuettes ait été traitée en ronde bosse, c’est-à-dire conçue pour être visible de tous les côtés. La Descente de croix constitue l’un des chefs-d’œuvre du travail de l’ivoire à Paris au 13e siècle. Le style du sculpteur semble imprégné par la connaissance de la statuaire de la cathédrale de Reims, ce qui permettrait de dater l’œuvre des années 1260-1270.
L'Europe gothique
L’art « gothique » naît en Île-de-France vers 1150 et se développe jusqu’au 16e siècle. Il veut traduire une nouvelle conception de Dieu promue par l'abbé Suger (1122-1151) de Saint-Denis. Contemporain d’une réforme de l’Église, cet art est diffusé par les ordres monastiques, les cisterciens au 12e siècle et les franciscains et les dominicains au 13e siècle. Cette révolution architecturale s’accompagne d’une mutation des arts figurés marquée par une attention au réel confortée par un renouveau de l’influence de l’Antiquité.