restauration : Orphée aux enfers, d'Henri Regnault
Le Musée des beaux-arts de Calais a choisi de faire restaurer Orphée aux enfers, peinture d'Henri Regnault, pour l'exposition Métamorphoses.
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La restauration d'une œuvre est l'ensemble des interventions réalisées directement sur cette œuvre ayant pour objectif la pérennité et l'intégrité physique, historique et esthétique de l'œuvre. Les principes de la restauration sont la lisibilité, la visibilité, la réversibilité et l'intégrité de l'œuvre.
La demande du Louvre-Lens pour son exposition Métamorphoses a amené le Musée des beaux-arts de Calais à envisager une restauration de l'Orphée aux enfers. L'objectif était d'améliorer la lisibilité de l'œuvre et de la présenter dans les meilleures conditions pour l'exposition puis dans la présentation des collections permanentes à Calais.
En effet, l'état général de l'œuvre était assez peu satisfaisant. La toile a donc été retendue sur son châssis. Ce dernier a été traité de façon à ne plus marquer la toile. L'ensemble a été dépoussiéré. La couche picturale, quant à elle, présentait des craquelures, des soulèvements locaux et des lacunes qui ont été corrigés par la restauration avec un dépoussiérage et un vernissage préalables.
Le tableau présentait de plus un agrandissement dans sa partie inférieure, réalisé à un moment et pour une raisons inconnus de son histoire. Une baguette a été ajoutée et peinte dans une manière bien distincte de celle de l'artiste. Partie intégrante de l'histoire de l'œuvre, la conservation de cet agrandissement a été envisagée. La baguette a cependant été enlevée pour retrouver le format d'origine et conservée séparément pour pouvoir reconstituer l'historique du tableau.
La restauration a permis de ramener l'œuvre dans un état proche de l'état originel. Les couleurs sont ravivées et les détails réapparus : la scène est ainsi plus lisible. L'intervention permet de mieux apprécier la lumière froide voulue par l'artiste pour évoquer le royaume des morts.
L’histoire d’Orphée est rapportée aux Livres X et XI des Métamorphoses : le héros par le pouvoir de son chant parvient à émouvoir Pluton, dieu des Enfers, afin de ramener Eurydice d’entre les morts. C’est ce moment qui est choisi par l’Académie comme sujet pour la dernière épreuve du Prix de Rome de peinture en 1865. Henri Regnault échoue à cette tentative audacieuse dans le coloris : il ne sera sacré que l’année suivante.
Espoir de la peinture française, au parcours académique et aux influences orientalistes, Henri Regnault (Paris,1843 - Buzenval,1871) marque ses contemporains par sa fin tragique et prématurée dans les derniers jours de la guerre de 1870.
Fils de Victor Regnault, scientifique reconnu et directeur de la manufacture de Sèvres, Henri Regnault naît, à Paris, dans une famille où se côtoient scientifiques, intellectuels et artistes. Il attend d'obtenir son baccalauréat littéraire avant de s'engager définitivement dans la carrière d'artiste peintre. Il s'inscrit alors à l'École des beaux arts, dans les ateliers de Henri Lamothe puis d'Alexandre Cabanel.
Il remporte le prix de Rome à sa quatrième tentative, en 1866, sur le thème imposé de Thétis apportant à Achille les armes forgées par Vulcain. Orphée aux enfers est sa troisième présentation au concours. On y sent l'influence d'Ingres et de Delacroix, dont Henri Regnault se dit lui même marqué.
Le prix de Rome permet à Henri Regnault de séjourner en tant que pensionnaire de l'Académie de France à Rome. Sur place, seul Michel-Ange trouve grâce à ses yeux et il se montrera plus intéressé par l'aspect pittoresque de la ville que par l'étude de ses prédécesseurs. Il partira vite découvrir l'Espagne, à la recherche d'exotisme. Chaque étape est une nouvelle révélation pour lui. D'abord Madrid, où il assiste à la révolution carliste et au triomphe du général Prim, dont il peindra un portait équestre ; puis le palais de l'Alhambra et le style hispano-mauresque ; et enfin le Maroc et Tanger en décembre 1869. Il ne retournera qu'épisodiquement à Rome pour remplir, à contrecœur, ses obligations envers l'Académie des beaux-arts.
La guerre franco-prussienne éclate alors qu'il prévoyait un voyage en Inde. Bien qu'exempté de service militaire par son statut de pensionnaire de l'Académie de France à Rome, Henri Regnault rentre en France et se porte volontaire en 1870. Il trouve la mort à la bataille de Buzenval le 19 janvier 1871, dix jours avant la fin de la guerre. De nombreux artistes feront son éloge, dont son ami Camille Saint-Saëns qui lui dédiera sa Marche Héroïque.
Cartel
Henri Regnault (Paris, 1843 – Buzenval, 1871)
Orphée aux enfers
Huile sur toile
1865
Paris, musée d’Orsay
Dépôt au musée des Beaux-Arts de Calais
Inv. 951.27
© F. Kleinefenn
Sur la restauration
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